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Terminus, tous les politiciens descendent

Le Chef du gouvernement désigné a taclé les partis politiques hier en annonçant que sa formation gouvernementale sera composée de compétences nationales indépendantes. Exit les partis politiques. Mechichi a choisi d’avancer en roue libre sur un chemin parsemé d’embûches pour solliciter la confiance à un gouvernement dont la mosaïque ne sera pas du goût de plusieurs blocs parlementaires, notamment celui d’Ennahdha, qui a appelé le Chef du gouvernement désigné à former un gouvernement d’union nationale « fort d’un large soutien politique qui réponde aux équilibres au sein du Parlement et aux résultats des élections législatives ». C’est une claque pour le premier parti vainqueur des élections législatives qui se réclame dépositaire du pouvoir des urnes et revendique le droit à être présent en force dans ce nouveau gouvernement.

Pour les partisans de cette approche qui s’adosse à la légitimité, Mechichi s’est livré à un exercice un peu étrange, un peu singulier qui détruit la démocratie, dévie de la Constitution et qui pourrait transformer la scène politique en un champ de bataille où chacun se bat pour prendre la place de l’autre.

Ennahdha, qui n’apprécie pas l’approche du Chef du gouvernement, promet de militer pour recouvrer sa légitimité « violée » et appelle Mechichi à mesurer l’ampleur de sa décision et à emprunter la voie de la prudence pour ne pas engager la Tunisie dans une crise de trop qui pourrait emporter dans son sillage le rêve tant caressé par un pays qui fait l’exception démocratique dans le monde arabe.

Mais les faits sont là et ils sont têtus. Le paysage politique tunisien sera mis en branle après l’annonce de ce choix qui relègue les acteurs politiques élus à une position de comparses et ouvre une nouvelle brèche aux partis désavoués par le vote d’octobre 2019, pour donner de nouveau de la voix et reconquérir une place sur l’échiquier.

La période à venir sera marquée par cette oscillation entre l’anéantissement accepté de l’enjeu démocratique et sa manipulation en tant que moyen de pression factice et dégonflé. Il n’empêche que la décision de Mechichi a rabaissé les partis, quelle que soit leur couleur, à un rang secondaire dans l’enjeu politique car elle évacue leur pouvoir décisionnel basé sur des intérêts étriqués pour napper le politique de nouveaux enjeux où seul l’intérêt général prime.

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